On me dit souvent que j'ai vécu « mille et une vie ». C'est une chance certes, mais il y a eu beaucoup d'embûches pour en arrivée là où j'en suis aujourd'hui.

Je n'ai pas toujours aimé mon corps. Il a même été mon pire ennemi. J'ai vu ses changements au fil du temps et j'ai appris à l'aimer tel qu'il est aujourd'hui. Je n'ai plus peur de lui.

Je n'ai pas eu d'adolescence, j'ai basculé directement dans le monde des adultes sans transitions. J'ai connu les longues journées d'hospitalisation, le harcèlement scolaire… Les regards et les paroles des autres ont été cru et j'ai haï mon corps. La sportive était devenue rondelette.

J'ai camouflé mon corps au fil du temps et je me suis plongée dans des études. Si mon corps n'était pas moi, mon cerveau lui l'était. Je suis devenue sapeur-pompier volontaire, j'ai fait des études en médecine vétérinaire pour au final devenir institutrice primaire puis éducatrice Montessori. J'ai voulu travailler avec les enfants pour les aider et surtout pour transmettre. Impossible pour ma part de faire subir ou de subir ce que j'ai vécu à l'école.

Au détour de voyages et de rencontres, le théâtre est devenu ma passion. Je me suis réfugiée dans celle-ci sans m'y rendre compte. Ça fait maintenant 12 ans que je fais du théâtre, 12 ans où j'exprime toutes mes émotions sans aucune barrière. Je suis devenue comédienne et j'ai jugé qu'il était temps de m'éclater pour vivre pleinement ce métier. Et j'ai repris des études théâtrales. Même si j'ai changé de profession, l'enfant reste une de mes priorités. C'est pour cela que j'œuvre pour eux dans différentes associations.

La vie n'est pas un long fleuve tranquille et la rencontre avec soi n'est pas facile. Mais on y arrive toujours. Certes, il faut être bien accompagné et ne pas avoir peur de s'isoler quand on en a besoin.

Mes voyages m'ont formé, la randonnée alpine m'a forgé. J’ai compris que je pouvais aller plus loin avec mon corps et mon esprit. Maintenant, j'accepte qui je suis avec mes cicatrices qu'elles soient visibles ou invisibles.