S’accepter grâce à la photo-thérapie

S’accepter grâce à la photo-thérapie

Celles et ceux qui me découvrent aujourd’hui seront étonnés de l’apprendre, tant j’ai l’air à l’aise aujourd’hui mais, il y seulement trois ans, je n’aimais pas mon image. Mon enveloppe corporelle ne me semblait absolument pas en phase avec ce que j’imaginais être. Je fuyais dès que j’apercevais un appareil et quand je voyais une photo de moi, la plupart du temps j’étais terriblement critique, il n’y avait rien qui me plaisait.
Il y a seulement trois ans je n’aurais jamais osé poser en lingerie ! Cela me semblait tout bonnement insurmontable.
Et pourtant j’aurais adoré !
J’aurais adoré être aussi confiante que les Pomm’Pomm’Girls que je voyais passer en shooting. Je les admirais et les enviais tout à la fois.

 

Cette aisance est l’aboutissement d’un long chemin. C’est le fruit de deux « thérapies » complémentaires : le yoga, et la photo-thérapie.

Qu’est ce que la photo-thérapie ?

Attention à ne pas confondre la photo-thérapie avec la photothérapie qui consiste à traiter certaines maladies de peau grâce à la lumière !
La photo-thérapie, ou thérapie par la photo, est une sous-discipline de l’art-thérapie. Le principe est d’utiliser la photographie comme support pour améliorer l’estime de soi.
La confrontation avec sa propre image aide à prendre conscience de soi-même, de son image, à dépasser ses complexes et à surmonter sa timidité.

 

Dans notre société l’apparence occupe une place majeure, que ça soit dans la vie privée ou la vie professionnelle. Et le plus souvent nous avons un regard bien plus sévère sur soi que sur les autres. Nous avons peu d’indulgence envers nos imperfections, qu’elles soient réelles ou imaginaires d’ailleurs. Nous nous trouvons toujours trop, ou pas assez.

 

Le déclencheur de mon travail sur mon image a été le diagnostic de mon cancer du sein, en mai 2021. Le jour de la pose de mon PAC (port implanté à cathéter, boîtier installé sous la peau qui permet de recevoir la chimio sans endommager les veines), sur une impulsion, j’ai fait une photo dans le miroir de la salle de bain de l’hôpital. Et je l’ai postée sur Insta.
J’adore cette photo. Mes yeux encore mouillés, la blouse de salle d’op, la plaie du PAC telle une morsure de piranha (et mon carré que j’aimais tant !).

 

@annemontaye - pose du PAC

Documenter le cancer

A compter de ce jour j’ai décidé de documenter mon cancer. J’ai commencé à me photographier. Partout, tout le temps.
J’ai découvert l’utilisation des miroirs, du mode selfie de mon téléphone…

 

Chaque semaine, la séance de chimio était prétexte à un auto-portrait.
M’appuyer sur l’image, associer mes mots à mon visage, épuisé ou rayonnant selon les jours, m’a beaucoup aidée pendant mon parcours de soins.
Choisir chaque mercredi le tatoo du jour, me maquiller avec soin, sélectionner mes fringues, imaginer la mise en scène : ce cérémonial girly et totalement superficiel a constitué ma bouffée de légèreté !

 

Chimio

 

Inconsciemment je devais sans doute avoir un peu peur de mourir, ou que mon corps soit irrémédiablement « abîmé » par le cancer et les traitements. Fixer ces instants me permettait de garder souvenir de ce à quoi je ressemblais, au cas où ça partirait en sucette.
Ce cancer me procurait l’excuse parfaite pour laisser s’exprimer mon narcissisme !

 

Étrangement je n’avais jamais été aussi en paix avec mon image que pendant cette période de chimio. J’étais chauve, fatiguée, mais je m’aimais bien. L’image de guerrière que je renvoyais me correspondait.

Du selfie salle de bain au shooting pro

C’est ainsi que juste après mes chimios, j’ai envisagé de participer à un shooting Pomm’Poire. Mon objectif était triple : incarner ma marque, apporter un profil de nana encore inédit pour Pomm’Poire, et poursuivre cette thérapie par la photo qui me faisait tant de bien.
Le photographe qui shoote nos campagnes (qui est aussi un ami) m’en a dissuadé. Pour lui je n’étais pas prête à me confronter à d’autres nanas, plus à l’aise, plus habituées de l’objectif. Il craignait que ce moment ne soit douloureux pour moi, que je sois déçue par ce que j’allais découvrir.
Il avait raison bien sûr (merci Ju ❤️), je n’étais pas prête.

 

C’est ce jour-là que j’ai booké un shooting lingerie avec Solenne Jakovsky.
J’ai choisi Solenne car elle a l’habitude de photographier des nanas dont ça n’est pas le métier.
Je voulais me prouver à moi-même que j’étais capable de poser en petite tenue et surtout d’aimer ce que je voyais.
En arrivant à l’appart où avait lieu le shooting j’étais dans mes petits souliers.

 

Entre se photographier soi-même dans sa salle de bain et se mettre à nu devant une pro, même bienveillante, il y a un gouffre !

 

J’ai adoré ce moment très intime : la simplicité de Solenne, sa grande connaissance du corps féminin, sa façon de me guider sans imposer.
J’ai adoré le résultat. Ces images m’ont permis de poser un regard extérieur sur moi, de me connaître autrement qu’à travers mes complexes, de découvrir mes points forts. Elles renvoient une Anne douce, lumineuse. Pour la première fois je me suis trouvée belle à travers l’objectif d’un appareil photo.

Shooting @solenne_jakovsky

Quelques mois plus tard j’ai été contactée par Fatou. Fatou était intéressée par mon histoire et avait envie de me photographier pour un travail personnel. Le résultat a été complètement autre, beaucoup plus sexy, beaucoup plus femme. C’était moi aussi, mais une autre facette de moi. Et j’ai beaucoup aimé aussi !

 

Shooting Fatou

 

Ces deux expériences ont entériné le processus de paix entre mon exigence et mon image.
Aujourd’hui je sais que je peux être belle, j’ai appris à chérir mes qualités, à faire avec mes défauts.

 

Mon corps raconte mon histoire.
Ça n’est pas le corps dont j’aurais rêvé mais il est fort et c’est celui dont j’ai besoin pour traverser la vie.

 

Si je peux donner un conseil à toutes celles et à tous ceux qui galèrent un tant soit peu avec leur image : offrez-vous un shooting, photographiez-vous sous toutes les coutures, faites des essais, des expériences. Vous finirez obligatoirement par vous aimer.
J’ai 47 ans.
Il n’est jamais trop tard pour être en paix avec son image.

 

– Article écrit par Anne

 



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