Peut-on être féministe et s’épiler la 🐱?

Peut-on être féministe et s’épiler la 🐱?

Peut-on être féministe et faire du botox ? Peut-on être féministe et être au régime ?

 

Je me considère comme une nana féministe mais… je préfère avoir les aisselles épilées, je me sens mieux dans un corps mince et musclé, je n’exclus pas avoir recours à la médecine esthétique pour atténuer les outrages du temps, et j’aime profondément les hommes.
Est-ce compatible ?

 

J’ai commencé à questionner ma définition du féminisme en entendant, dans un podcast dont je tairai le nom, une nana déclarer qu’une femme chef d’entreprise ne pouvait pas se déclarer féministe. En effet elle considérait qu’être une « girl boss », c’était faire le jeu du patriarcat capitaliste en singeant le comportement des hommes et en opprimant forcément ses collaboratrices.
Honnêtement je n’ai pas compris le rapport. Ça m’a mise en colère et j’ai eu l’impression qu’on mélangeait un peu tout.

 

Du coup j’ai eu envie d’expliquer ici ma vision toute personnelle du féminisme, en France, en 2023.
Loin de moi l’idée de me placer sur le terrain sociologique ou politique, je n’en ai ni la rhétorique ni la culture.

 

(Disclaimer : j’ai 47 ans, je suis blanche, mince, hétéro, issue d’un milieu social plutôt privilégié, et pour couronner le tout, chef d’entreprise.)

 


Simone de Beauvoir – @Roger-Viollet

 

Au fond ça veut dire quoi, être féministe ?

Spontanément il me semble qu’être féministe c’est promouvoir l’égalité, voire même l’équité entre les hommes et les femmes, dans la sphère privée, sociale, politique, ou encore artistique.

Je suis convaincue que les femmes et les hommes sont égaux.
Pas que les femmes sont supérieures aux hommes.
Pas que les femmes sont identiques aux hommes.
Je chéris les différences entre les deux sexes, qu’elles soient innées ou acquises. C’est pour moi ce qui fait la richesse de cette dualité.
En tout cas c’est ma façon de vivre le féminisme au quotidien.
Mais cette définition basique apparaît aujourd’hui un peu noyée dans la multitude de courants féministes, certains trop radicaux pour que je puisse m’y reconnaître.

 

Aujourd’hui on ne peut plus parler de féminisme, mais DES féminismes.

Voici un panorama, non exhaustif, des différents courants qui parfois s’opposent.

 

Le féminisme universaliste soutient la thèse que les différences sont explicables culturellement et pas simplement biologiquement : « On ne nait pas femme, on le devient » – Simone de Beauvoir.
Pour ce courant assez mainstream, il s’agit d’agir sur la sociabilisation pour mettre fin aux inégalités et permettre aux femmes de conquérir la sphère publique. Les universalistes militent de manière universelle pour les droits de toutes les femmes du monde.

 

Le féminisme intersectionnel se propose quant à lui de croiser les réflexions entre sexisme, anticapitalisme, et racisme. Contrairement au féminisme universaliste qui a tendance à considérer les femmes comme un groupe homogène, il ajoute d’autres formes de discriminations liées à la race, à l’âge, à l’orientation sexuelle ou encore à la religion.  Il permet notamment ainsi d’inclure les personnes LGBTQIA+, assez absentes des autres combats féministes. Les féministes intersectionnelles vont se pencher sur des situations particulières donnant lieu à des discrimination multiples comme les femmes noires, les femmes lesbiennes, les femmes musulmanes…

 

Les féministes radicales, moins tièdes que les universalistes, sont quant à elles vent debout contre la religion, l’hétéronormativité la pornographie, ou encore la prostitution, considérant ces deux dernières pratiques comme du viol tarifé destiné à maintenir les femmes à leur place inférieure, à les dégrader.

 


L’école ménagère

 

Quelques dates clés

Si Olympe de Gouges publie en 1791 la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, déclarant que « la femme naît libre et demeure égale à l’homme en droits », il faudra attendre 1944 pour que le gouvernement français, accorde le droit de vote et d’éligibilité aux femmes.

 

L’année 1965 voit une avancée économique importante, puisque les femmes peuvent désormais travailler sans le consentement de leur mari, et gérer leurs biens de façon autonome. Légalement, l’égalité dans le couple devient la règle. C’est aussi à cette époque que l’école devient mixte.

 

En 1967, la loi Neuwirth autorise la contraception. Ce qui est cocasse, c’est que cette loi avait à la base pour vocation de réguler le bonheur des couples en évitant les grossesses non désirées. Son objectif premier n’était pas du tout de promouvoir la liberté sexuelle des femmes !

 

En avril 1971, le Nouvel Observateur publie le « Manifeste des 343 salopes », signé par des anonymes et des personnalités publiques qui déclarent avoir eu recours à un avortement clandestin et revendiquent le droit à pouvoir le faire légalement. Je vous conseille sur ce thème l’excellent bouquin « l’Evènement » de Annie Ernaux, dont l’histoire se situe en 1963.

 

En 1972, l’école ménagère ferme ses portes. Savez-vous ce que c’était, l’école ménagère ? C’était une école (en France, oui oui) où l’on enseignait les arts ménagers (faire la cuisine, entretenir le linge, tricoter, faire les comptes du foyer…) aux jeunes filles afin que celles-ci deviennent de « bonnes épouses ». Et vous ne rêvez pas, cette école n’a fermé ses portes qu’en 1972 !

 

En 1975 la fameuse loi Veil autorise enfin l’IVG et par là-même le droit des femmes à disposer de leur corps.

 

Je suis complètement consciente que nous avons la chance de vivre dans un pays éclairé et que c’est loin d’être le cas partout dans le monde.

En France, sur le papier, la femme est l’égale de l’homme.
Elle a le droit de disposer de son corps. Elle a librement accès à l’éducation, la santé, l’indépendance économique, l’entrepreneuriat, l’avortement, la contraception…
Ces droits fondamentaux pour lesquels se sont battues les premières féministes sont désormais acquis. L’enjeu désormais est de les appliquer au quotidien.
Aujourd’hui les femmes continuent de lutter, dans la sphère pro et perso, pour obtenir une parité toujours un peu précaire.
Par exemple, à temps de travail équivalent, une femme cadre touchera encore 16% de moins que son homologue masculin.

 

 

Revenons à nos moutons…

Donc peut-on être féministe et s’épiler le minou, faire un régime ou être chef d’entreprise ?

 

Pour moi, la réponse est OUI bien sûr, un grand oui.
Le féminisme encourage les nanas à faire des choix pour elles-mêmes, sans être influencées par des stéréotypes de genre ou des injonctions sociales.
Cela inclut toutes les décisions qui concernent leur corps (alimentation, esthétique…) et leurs activités.

 

Donc si vous vous épilez parce que ça correspond à VOS critères esthétiques, c’est OK.
Si vous levez le pied sur le tiramisu car VOUS vous sentez plus alerte dans un corps affuté, c’est OK.
Si vous donnez un coup de pouce à dame nature en recourant à l’acide hyaluronique ou au botox, encore une fois c’est OK.
C’est OK tant que vous le faites pour VOUS et pas pour vous conformer à une image corporelle qui vous aurait été imposée par la société.
C’est OK tant que vous le faites pour VOUS et en toute liberté.

 

Bien sûr nous sommes toutes et tous exposés depuis notre naissance (dans les médias, les réseaux sociaux, au cinéma) à tellement d’images stéréotypées qu’il est difficile de savoir avec certitude si nos choix sont véritablement aussi libres que nous le voudrions, ou si nous ne faisons finalement que répondre de façon inconsciente à la pression sociale…

 

La question reste ouverte !

 

– Article écrit par Anne



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